Ménopause et neurosciences - ce qui change dans le cerveau
- Maison Ikigai
- 5 janv.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juil.
La ménopause, c'est 14 millions de femmes françaises et 500 000 nouvelles femmes par an. Un chapitre de vie important, de plus en plus abordé, les tabous levés. Mais le connaissons-nous d'un point de vue des neurosciences ?

Car OUI, "le cerveau de la ménopause" existe bel et bien et les changements ressentis dans le corps, généralement entre 40 et 55 ans, ont un point commun : ils partent du cerveau et sont donc neurobiologiques. C'est ce que nous montre en détail le Dr Lisa Mosconi, professeure italo-américaine agrégée de neurosciences, dans son ouvrage "The Menopause Brain". Ce qu'il faut savoir, c'est que la ménopause le "modifie" temporairement et que :
Cela est tout à fait normal
Cela se régule progressivement
Elle nous rassure :"[Les femmes] ne sont pas folles et, plus important encore, nous ne sommes pas seules !”
Découvrez aussi son TedTalk "Comment la ménopause affecte le cerveau" :
(sous-titres en français activables)
L'hormone féminine œstrogène, principalement produite par les ovaires, joue un rôle clé dans le fonctionnement du cerveau. Ses récepteurs se situent dans :
l'hippocampe (responsable des mécanismes de mémoire)
l'amygdale (cruciale pour la mémoire émotionnelle)
l'hypothalamus (régulation de la température corporelle). C'est d'ici que partent les fameuses "bouffées de chaleur"
Les œstrogènes influent aussi sur la chimie du cerveau : si baisse du taux d'oestrogène => baisse de la production de sérotonine (="l'hormone du bonheur ") => baisse de l'humeur. En d'autres termes, les œstrogènes ont des effets comparables aux antidépresseurs.

Cette hormone joue également un rôle important sur le fonctionnement des neurones, notamment sur les mitochondries (=les minuscules centrales électriques des cellules). L'oestrogène incite les cellules cérébrales à absorber davantage de molécules de sucre pour produire de l'énergie.
Or au moment de la périménopause, comme les cycles sont irréguliers, le taux d'oestrogène fluctue fortement puis, à long terme diminue continuellement. Conséquence : les mitochondries n'absorbent pas assez de sucre et l'énergie vient à manquer.
!! Ration d'urgence enclenchée !! :
Les neurones affamés commencent à consommer la substance blanche graisseuse qui les entoure, indispensable à la transmission de signaux électriques entre neurones.
Résultat : Le cerveau doit constamment régénérer cette substance blanche au fur et à mesure qu'il la dégrade. Cela peut se manifester concrètement par un "brouillard cérébral" ressenti, des capacités d'attention et de mémoire diminuée. On oublie des mots, un numéro de téléphone, le fil d'une conversation...
Mais notre corps est bien fait, il s'agit d'une étape transitoire - et il y a une très bonne nouvelle : Lorsque la femme rentre en ménopause (=12 mois consécutifs sans cycles menstruels), des méchanismes de compensation se mettent en place : les neurones se remettent à reproduire de l'énergie cérébrale et les symptômes cognitifs se résorbent. Ce méchanisme de plasticité et de compensation est unique au sexe féminin :).
Même si parfois certains symptômes persistent quelques années après l'entrée en ménopause, il existe aujourd'hui différents traitements hormonaux et selon le Dr. Gabriel André, gynécologue et vice-président du GEMVI (Groupe d'Etude sur la Ménopause et le Viellissement Hormonal), bientôt l'arrivée de traitements non-hormonaux (fezolinetant et l'élinzanetant) qui permettraient de réduire de façon significative les bouffées de chaleur chez 80% des femmes (études avec placebo). Autorisation de mise sur le marché européen prévue pour septembre 2025. A suivre ...
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Pour aller plus loin :
Le magazine Cerveau & Psycho y a consacré au mois de février un dossier complet et nous éclaire également sur les dernières avancées scientifiques.

Egalement, le livre du Dr Marion Glück "C'est Psy? Non, hormonal !" nous donne des explications sur le rôle décisif des hormones dans la santé physique et mentale de la Femme, et ceci, à tous les âges de la vie. Impact sur l'humeur, le dynamisme, la libido... les déséquilibres hormonaux peuvent être apaisés. Grâce à des protocoles concrets, son livre nous aide à prendre en main notre santé hormonale, pour se sentir à nouveau soi-même.
Je vous conseille aussi les ouvrages suivants :
Le gynécologue chirurgien Michel Mouly ("Ne souffrez plus en silence") éveille depuis des années les consciences sur les risques liés à une ménopause non traitée (ostéoporose, dépression...) et explique en détail le traitement hormonal "à la francaise"(différent du traitement américain) à la lumière des dernières études scientifiques.
La gynécologue Sheila de Liz ("Ménopause Controle") donnent des solutions très concrètes à chacun des symptômes.
L'actrice Linda Hardy ("Ménopause Attitude"), ménopausée à moins de 50 ans, s'est retrouvée seule avec ses questions pendant plusieurs années. Elle partage toutes les informations qu'elle a recueillies auprès des meilleurs experts ainsi que ses routines personnelles.
Quant à Anna Roy ("C'est ma ménopause"), forte de ses 15 ans d'expérience de sage-femme, elle apporte des réponses rassurantes et utiles sous forme de 300 questions très concrètes.
Et si la psychonutrition et le cerveau de la ménopause vous intéresse, les indispensables sont les ouvrages du Dr chercheur Guillaume Fond ("Bien nourrir son cerveau") et de la neuroscientifique Lisa Mosconi ("The Menopause Brain").
Enfin, voici ma sélection de Podcasts - des espaces de paroles qui partagent l'expérience de Femmes, les conseils d'Experts et bien d'autres sujets :
"ALLEZ J'OSE !" d'Elsa Wolinski
"MÉNOPAUSE POUR TOUT LE MONDE" de Perrine Kervran
"LA FIN DES RÈGLES" d'Aude Hayot
Bonne lecture et belle écoute !
Aurélie, Maison Ikigai
Sources
Dossier "Ménopause, ce qui change dans le cerveau", p3-55, Cerveau & Psycho, Février 2025
"The Menopause Brain", Lisa Mosconi, éditions Avery, 2024
"C'est ma Ménopause", Anna Roy, éditions L'Iconoclaste, 2025
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